En équilibre sur la frontière

Bien le bonjour à tous, nous sommes de retour sur la toile!

Nous sommes actuellement à Den Haag (La Haye) aux Pays Bas. Nous partons de chez nos chers hôtes Annette et Olaf demain matin direction le nord.

Annette et Olaf nous ont accueillis pendant une bonne semaine et nous avons pu découvrir des initiatives très chouettes dans et autour de cette ville de bord de mer ! Nous étions d'ailleurs très heureux de nous trouver face à la mer pour la première fois de notre voyage.

Notre article d'aujourd'hui: notre expérience chez Astrid, à Lemiers, il y a maintenant plusieurs semaines. Ainsi que notre mois dans la ferme/communauté Vier Linden.

CHEZ ASTRID:

Juste après Noël, nous sommes arrivés chez Astrid où nous sommes restés deux semaines.

Le projet:

Il y a quelques années, Astrid achetait un lopin de terre qu'elle nomma De Wij ("de veille"). C'était un fin jeu de langue puisque De Wij signifie à la fois "Nous" et "prairie" dans la prononciation. Quelque temps après, elle emménagea dans une bicoque non loin de sa belle prairie. Au fil des années, De Wij a bien changé. Il s'y trouve désormais une demi douzaine de moutons, un espace de repos et de rencontre avec un feu, un jardin potager de permaculture, des toilettes sèches, une pompe à eau et une forêt nourricière. Une forêt nourricière est un espace recréant l'écosystème naturel de la forêt où grands arbres fruitiers cohabitent avec arbustes et buissons de baies. Une autre façon de pratiquer la permaculture où chaque arbre ou arbuste sert à son voisin. De Wij est bordé d'une petite rivière très utile au lieu qui est aussi la frontière avec l'Allemagne.

Depuis peu, Astrid a créé avec trois amis une fondation pour que De Wij devienne un lieu commun et communautaire. L'idée est d' acheter le terrain à Astrid et de continuer à faire grandir cet espace tous ensemble. Dans un futur plus ou moins proche, leur volonté serait d'avoir des bâtiments habitables sur place où un esprit communautaire pourrait prendre vie. La tête d'Astrid est pleine de projet pour l'avenir de De Wij et si vous voulez lui filer un coup de main vous serez les bienvenus les mercredis après midi où elle y consacre tout son temps !

Tout le temps passé sur ce lieu n'est bien sûr pas une contrainte pour Astrid qui travaille comme beaucoup de monde en semaine. C'est son projet qui la porte tous les jours, sans savoir l'expliquer elle sent que c'est bon et logique pour elle et le monde.

Nous avons passé beaucoup de temps à partager des choses avec elle, à coup de discussions, d'échanges, de rires, de pleurs, de danses, de chants, de yoga, de méditation, de marches,...

Nous avons eu la chance de rencontrer ses amis et de passer le nouvel an avec eux. Nous avons été épatés par les feux d'artifice incessants toute la soirée et plus fort encore de minuit à 1h ! Nous n'avons pas manqué les traditions pour cette soirée particulière: jeux de société, tirage de carte (tarot) et préparation/dégustation d'oliball (beignets traditionnels). Autour du feu nous avons aussi laissé les mauvaises choses de 2016 en 2016 en les écrivants sur un papier et en les brulant. Pays Bas oblige, nous avons pu gouter à une tisane au cannabis préparé par nos hôtes. Ce fût une chouette soirée qui nous a amenés tard dans la nuit !

Le lendemain matin, nous sommes tous partis, le ventre bien rempli, dans la petite chapelle du vieu Lemiers pour chanter avec les gens du coin. Ce moment nous a bien marqués, c'était beau et plein de joie !

Merci Astrid pour ces moments très chaleureux.

Merci aussi de cette douce transition pour nous du Français à l'Anglais/Dutch.

Le 8 janvier, nous avons pris nos sacs à dos et sommes partis, à pied pour Vier Linden, à quelques kilomètres de là.

VIER LINDEN:

Vier Linden (quatre tilleuls) est un lieu communautaire qui a 38 ans. L'origine du nom: il y a longtemps, le tilleul était le lieu de rassemblement dans les communes. Andreas et sa famille sont arrivés sur un terrain quasiment vide, ils ont commencé leur projet à partir de presque rien. Année après année, Andréas, architecte de profession, a tout construit de ses mains à base de matériaux écologiques et de récupération. Des maisons à base de paille, de bois et d'argile ont vu le jour à mesure que le terrain s'agrandissait. Aujourd'hui, un mélange d'habitations, de roulottes, de prairies, de granges et de jardins fait de cet endroit un lieu accueillant et animé.

La ferme abrite trois ânes, des moutons, trois chèvres, des poules, un chat (Catapluche), deux chiens, un canard et sa mare. Ces animaux, à part les poules qui donnent des oeufs ont un but pédagogique.

Les habitants de Vier Linden viennent de partout. Une famille fraichement installée, Andreas et des woofers comme nous forment ladite communauté. Un réfugié de Bagdad, une Moldave attendant ces papiers, deux Roumains travaillant dans les alentours, un Allemand docteur à l'hôpital, habitent sur place mais sont moins actifs dans la vie de la communauté. D'autres personnes extérieures prennent part à cette vie communautaire en passant de temps en temps donner un coup de main et créer des projets.

Notre roulotte:

La structure communautaire suit trois schémas qui sont censés faciliter son fonctionnement. Un premier qui présente l'individu et son équilibre idéal entre vie matérielle et spirituelle, un deuxième qui résume les douze points les plus importants pour un équilibre communautaire, un troisième qui résume concrètement les quatre activités majeures de Vier Linden: la ferme, air B&B, les animations sur place et les projets à l'extérieur (séminaires...).

Ces schémas, lors de notre première rencontre avec Andreas nous ont donné envie de venir. Mais, pendant que nous étions là bas nous avons plutôt trouvé un manque de transparence et de communication entre tous. Les promesses des schémas étaient peu réalisées.

Comment vivent ils financièrement ?

Certains habitants payent des loyers, ils vendent leurs productions (herbes, jus de pommes, schnaps,...), ils louent des chambres en air B&B, font des séminaires (massages, céramique, landart,...), et proposent des anniversaires pour les enfants avec balade en calèche. Ils travaillent aussi avec des woofers qui ne sont pas payés mais logés et nourris.

Et pour nourrir tout le monde ?

Ils ont un partenariat avec un magasin bio d'Aachen, qui, plusieurs fois par semaine leur donnent les invendus.

Chaque jour, nous prenions le petit déjeuner avec les membres de la communauté puis, jusqu'à 13h chacun vaquait à ces occupations avant de se retrouver pour le déjeuner (souvent préparé par nos soins) autour de la table. Le soir, chacun dîne comme il l'entent. Ce rythme était appréciable parce qu'il y avait du temps pour chacun ainsi que des temps communs, les seuls horaires qui rythmaient la journée étaient celles des repas. Nous étions donc très libres sur l'organisation de nos journées et cela nous convenait parfaitement.

Là bas, nous avons principalement coupé du bois, nous sommes devenus des rois de l'élagage! Nous avons fait un gros boulot de taille et de fagotage qui nous a pris tout le mois ! Entre temps nous avons aussi nourri les bêtes, fait de la crème de marrons, patiné sur la mare, construi des bonshommes de neige, marché dans la campagne, sauvé la ferme de l'évasion des ânes et des chèvres, dormi dans une roulotte, appri le mot "jambon" et "ta tête" à Nadja qui a cinq ans; et survécu à une semaine sans chauffage ni eau chaude sous la neige (donc, sans douche).